ecrire pour dire sa présence dans ce monde
Profession : Ecrivain Jack London
93 textes, glanés par Francis Lacassin dans les correspondances de jack London ou dans de petites revues enfouies dans des bibliothèques américaines, composent Profession : Ecrivain.
Ils révèlent un nouvel aspect de la personnalité de Jack London : le « travailleur de la plume ».
C’et une véritable plongée dans les coulisses de l’œuvre de London, grâce aux commentaires qui lui inspirent ses récits et les auteurs qui l’ont influencé : Kipling, Stevenson, Conrad, Spencer.
Les textes dans lesquels il livre sa conception de l’écriture et du métier, sa tactique d’approche des rédacteurs en chef et éditeurs, font de l’écrivain un véritable personnage…. De roman.
Par sa sincérité, son amour du monde, son obstination à triompher de l’impossible, l’écrivain vu par London ressemble comme un frère… à un héros de Jack London.
Editions : les belles lettres 376 pages
la prose pour la pose ( voyage autour de la création )
La prose pour la pose.
L’écriture et le pictural, c’est le mariage de l’écrit et du pictural que je manie invariablement. Je manipule autant la phrase que les traits. Les gestes du corps, ceux sont ceux du désir et des mots que je légende.
Je sais faire apparaître par un trait, une ligne, une courbe, une ombre un corps qui ne demande qu’un modèle pour lui donner une expression, un langage, une signification. Il ne reste qu’une toile pour témoigner sa présence dans ce monde. Le modèle trouve lui-même ses poses. Il est à la fois l’auteur, l’inventeur, le créateur, le concepteur de ses poses et le technicien, l’exécutant de ses propres idées.
Vivre l’instant de pose, c’est dérouler le tissu autour du corps et le déposer comme un tapis, de façon élégante et efficace.
C’est sentir l’énergie du moment et à travers le silence, fixer la pose. Changer, rompre cette première forme, refaire instantanément une autre pose, continuer en tournant sur soi-même de façon à contenter tous les angles de vue et partager un mouvement circulaire.
C’est tourner en ajoutant par le jeu des rythmes, du contraste, du caractère, faire appel à ses connaissances picturales, poétiques.
C’est observer l’énergie créatrice de l’artiste, lire sur son visage, la fougue, la déception, le plaisir. C’est aussi pour le modèle, s’intéresser aux parties tendues et relâchées de son corps nu qui commence à peiner, inspirer et expirer là où les tensions se logent, puis s’oublier, et là après quelques minutes, reconnaitre comme par magie que le calme règne enfin !
Le modèle n’est pas considéré comme un artiste pourtant il l’est ! Le premier rôle du modèle à l’instar d’une prestation scénique est de saisir l’esprit d’un espace, d’un lieu, et à travers l’essentiel de sa perception, de cristalliser corps et formes pour donner à voir et à dessiner.
Dans un espace de création, il n’y a pas de hiérarchie mais échanges et complicités, circulations d’énergies et successions d’états partagés dont tout témoin non initié à ce voyage singulier ne peut en pressentir l’alchimie.
Jurek 21 03 2016
Pensée printanière.
C’est le printemps !!!!!!!..... Mais pour quoi faire ? Il ne fait pas beau.
Le printemps mais pour écrire ce texte, pardi, pour écrire des mots contre la médiocrité, des mots pour embellir nos vies, pour changer de peau.
Pour faire sa mue annuelle de pensées, d’images, déstocker et recycler du savoir, des sensations, réajuster sa vue.
Le printemps est devenu la potion magique qui succède à l’hiver. Il est l’éternel retour d’un bonheur à portée de main. Il cicatrise les blessures, cautérise les spleens d’hiver, exorcise les dépressions et blues vécus.
Le printemps, ce mot appartient à la catégorie des valeurs sûres. Il contient des milliers d’images et de sensations liées à la liberté, l’amour, l’aventure, l’espoir, la beauté, la renaissance, la vie. La vie n’est alors que foisonnement, arborescence, inventivité.
Malgré cette nouvelle saison qui arrive et qui ravive les esprits, comment en même temps, ne puis-je pas être marqué par l’air ambiant. « Le monde est dans ma tête, mon corps est dans ce monde » Paul Auster.
Le monde que je traverse et vis, me semble perdu de fatigue, exténué. Cette fatigue est visible. Elle asservit les corps.
Mais alors où se niche le désir, l’envie de nouveau, de beau, de l’exception ?
Il est vrai que quelques utopies serviraient de remède à ce qui ressemble à un épuisement généralisé. Cependant, l’intelligence de l’homme ne semble plus lui dicter que la dignité et la liberté sont encore et toujours à gagner. Le XXIème siècle a épuisé le rêve et liquidé tout le désir d’être.
Imaginer, ce n’est pas forcement proposé des utopies, c’est être capable d’investir des mots qui permettraient d’atteindre l’intérieur des cœurs et des rêves des gens.
L’artiste, par nature, exprime des points de vue singuliers sur le monde et travaille à produire des mondes qui n’existent pas. Il a la capacité de deviner ce qui ne peut être vu, les espoirs indicibles qui naissent des âmes et des cœurs avant même que l’on ait trouvé des mots pour le désigner ;
Le désir de l’artiste survient alors lorsque la faiblesse et la fatigue des esprits ne parviennent plus à concevoir pour chaque jour ce qu’il faut faire pour s’inventer une beauté ordinaire à soi. Une manière à embellir le monde, de là où l’on se trouve, où l’on vit.
Les artistes ont un rôle à penser en écrivant des scénarios inédits. Ils expriment à leur manière les couleurs du monde qui existent et celles qui manquent.
Alors soyons nous-même ces artistes. Le seul remède aux dépressions reste la parole. La parole libératrice, créatrice.
Parlons, discutons, causons, chuchotons des flots de mots, peut être surgira-il une grammaire différente inédite, inrêvable, informulable…
Au fait, en informulable, l’espoir, se dit comment ? Joyeux printemps révolutionnaire !!! « Quand nous chanterons le temps des cerises…… »
Jurek 19/03/13
Des mots pour le dire…………….
Il faut à la fois savoir rêver la vie et admettre que cette vie ne serait jamais telle qu’on la rêvait.
C’est une introduction comme une autre.
Je voudrais de nouveau m’exprimer sur le temps qui passe, donner un point de vue sur la vie, celle que je vis, celle que je pense, celle que j’ai vécue.
Pour ma part, toute existence est une marche solitaire mais la solitude est parfois une force. C’est surtout une voix en nous qui nous rappelle que le solitaire est aussi, un être en attente de l’autre, à l’affût de ce qui peut faire signe, et qu’il serait indigne de manquer.
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Je marche à travers la vie. Je pense que toute existence est une marche qui nous mène sur un chemin singulier.
« Chaque être humain est censée avoir une personnalité unique, être ce qu’aucun autre ne peut être exactement et faire ce qu’aucun autre ne peut faire exactement. »
William Ellery Channing
Nous partons pour nous donner une raison d’aller, peut être même une raison de vivre
Après, ce sont les rencontres, les moments partagés avec d’autres qui nous construisent. Nous nous cultivons auprès de certaines personnes que nous côtoyons ou que nous croisons.
C’est aussi pour cela que les rencontres sont importantes, elles peuvent que nous enrichir si nous savons bien les choisir, elles nous influencent et peuvent nous rendre quelque fois autre.
Je ne sais qui je suis, que dans le regard d’autrui.
L’itinéraire d’une vie est une vraie question philosophique dans le sens où, paradoxalement, ce qui nous arrive dans la vie, n’est pas arrivé par hasard, et où cependant rien n’était pour autant écrit par avance.
Il n’y a aucune fatalité dans ce qui arrive à chacun mais pour autant chacun n’est pas absolument libre de son devenir.
Une trajectoire de vie se compose d’un ensemble d’opportunités, lesquelles sont pour la plupart, des rencontres humaines. Il appartient à chacun de savoir s’en saisir. La plus grande difficulté consiste alors à ne pas passer à coté de ceux qui peuvent nous aider à grandir.
Ces personnes là sont mes références dans le sens où elles sont pour moi des maitres à vivre ou des maîtres à penser.
Sur un autre sujet
Dans ce monde de brutes, c’est la culture qui peut nous sauver.
Elle ne va pas régler nos problèmes bancaires mais ce que l’on peut voir, c’est qu’en période de crise, les personnes sont très demandeuses de spectacles, d’art, de cinéma, de théâtre et de danse.
La poésie est un art de crise.
Rien n’est plus subversif que la culture.
Les questions de l’art et de la vie sont devenues des questions essentielles de nos jours.
Est-ce que l’art a à voir sur la vie des gens ?
Je pense que oui !
Plus le virtuel se développe plus le besoin de présence réelle est important
Du coup, tous les arts qui convoquent la présence réelle, qui met l’artiste et le public dans un face à face, est entrain de se développer très fortement
La question du corps est alors posée.
On réinterroge la place du corps. Tous les arts du corps sont en pleines effervescences.
Il faut lui redonner la place dans l’imaginaire, dans le social, dans le politique.
Les personnes ont besoin de se rencontrer physiquement.
Sortir de la crise, c’est sortir de l’abstraction. On a besoin de reconnaitre l’autre, on a besoin de l’autre…..
Un citoyen, ce n’est pas quelqu’un de triste mais c’est quelqu’un qui est dans le plaisir de la vie mais le vrai plaisir…le plaisir des valeurs, le plaisir du sens.
De même, ce qui est important, c’est de transmettre.
Transmettre est un art de vivre.
Ce que l’on transmet, ce n’est pas que le sens, c’est la passion du sens, c’est une manière de penser.
C’est la quête du mieux être, mais pas d’en avoir plus.
C’est ce changement, ce sont les valeurs de ce qui nous relient, nous rassemblent qui semblent être le plus important.
Jurek
« La vie , c'est ce qui vous arrive quand vous rêviez de faire autre chose »
La vie , c'est ce qui vous arrive quand vous rêviez de faire autre chose »
Sam Shepard
Cette frontière emblématique des 60 ans, elle est aujourd'hui là et bien là, devant moi. J' en ai pris réellement conscience lors de mon départ, le 15 juin 2012 pour un road-movie de 4 jours à travers la Belgique, l’ Allemagne et une partie de la Pologne, soit 1500 kilomètres puis une virée sur une rivière de Mazurie de 60 kilomètres.
Quatre jours intenses, pendant lesquels, 9 voitures se sont arrêtées pour prendre mon quintal et le transporter vers une destination qui n'était pas la mienne, mais qui me permettait d’aller vers mon point d’arrivée, Pleszew, une ville au centre de la Pologne où un canoë m'attendait. Ces kilomètres parcourus ont été radieux, parfois difficiles mais jubilatoires.
Ce fut un voyage poétique. Un désir fou d'avancer devant moi , une soif d'horizons avec la certitude chevillée au corps que mon existence allait se transformer.
Au gré , d’une nuit dans une auberge de jeunesse, d'une longue marche vers un point d' autoroute, d' attentes, de rencontres inopinées, je n’ai fait que penser, méditer, regarder le monde qui m’entourait , humer la liberté qui s’offrait à moi, respirer la vie , marcher sur l’asphalte pour vivre une aventure personnelle, singulière dans sa démarche, bien qu' inutile pour le commun des mortels, mais au combien importante pour moi.
Je revivais sans en avoir conscience ma jeunesse, mes rêves d’en temps. Je pense aujourd’hui que tout se joue entre 15 et 20 ans et qu’ensuite, on ne fait plus que s’arranger avec ce que l’on est devenu.
Le voyage n’est pas une affaire de kilomètres mais un état d’esprit. Il déplace l’esprit tout autant que le corps. Il transforme le retour en expérience nouvelle, il est une aventure menant à soi.
Ce besoin de liberté et de découverte, curieusement, a été accompagné par « l’homme aux semelles de vent », Rimbaud. .
J’y ai goutté un sentiment de liberté intense et chaque moment de cette liberté me paraissait une ivresse que peu de gens doivent éprouver.
Aujourd’hui, le jeune homme que j’étais, me semble plutôt sympathique, non seulement, je n’ai pas honte de ses élans mais j’aimerais avoir la chance de les revivre.
Ce qui m’a animé pendant ces soixante années d’existence, et qui m’anime encore, c’est de ne pas vouloir avant de mourir, découvrir que je n’ai pas vécu.
Pour moi, le présent et le futur doivent rester prioritaire malgré ce retour en arrière sur ce périple,. C’est toujours plus facile de se laisser, happer par le passé.
Ce que j’aime, c’est laisser la place au vide et à l’improvisation. Je pense que cela a une relation avec l’imaginaire , tandis que la marche est un acte de méditation et une authentique communion avec la nature.
L’immobilité, l' ennui, l'étroitesse me bloquent. La vie ne peut être que mouvement intérieur mais tout autant extérieur. A chaque étape , on regarde l'aventure suivante. Rien ne remplace l'expérience et le vécu.
Le voyage permet d’arriver à la fin du voyage qu’est une vie. De toute manière, le soleil se couche toujours trop tôt.
En fait, la vie ne peut être un récit mais un pari.
Il faut prendre l'option la moins évidente , la plus aventureuse pour ne pas perdre l'équilibre .
Ce périple m'a donné l'occasion de traîner un peu sans femme , ni enfants, aller au gré du temps et de l'inconnu à travers les routes d’Europe et les rivières de Mazurie.
Je pense que le temps nous paraît trop court parce que nous jouissons que de très peu de jours , très peu d'heures de notre vie. Il faut apprendre à jouir du temps qui nous est accordé mais aussi la soif d’assouvir l’insatiable curiosité avec la conscience mélancolique de l'éphémère.
Je terminerai cette méditation à voix haute par une citation que je ferais mienne pour demain et les autres jours de ma vie :
« Bien vieillir , ce n'est pas donné plus d'années à sa vie mais plus de vie à ses années. »
Jurek 19/11/2012