Je marche
J’entends seulement de me branler quand le branle me plait » écrivait Montaigne, ce grand voyageur solitaire, du temps où branler signifiait « se mouvoir ».
Se mouvoir, voyager, marcher. Lors de mon dernier périple en stop… j’étais tout le temps dans des pensées vagabondes. Celles-ci m’accompagnaient, me tenaient conversations.
Pendant que je regardais les voitures, le paysage, elles emplissaient mon univers mental et bousculaient quelque peu ma solitude. J’aimerais vous en faire partager quelques-unes ; Elles ont été retranscrites dans des carnets de voyage remplis le soir dans des auberges de jeunesse.
Marcher est un exercice qui aide à construire sa vie. Je dois à la marche de mettre de l’ordre dans ma vie. Je me suis empli de la beauté du monde en ne laissant que l’empreinte de mes pas sur les chemins et les routes asphaltées. J’ai appris que ce que je ressentais, valait mieux que ce que je possédais.
Voyager revient à prendre ses jambes à son cou pour échapper à la prison des habitudes. Ces habitudes qui tapissent chaque jour de nos vies.
Pour simplifier sa vie ne vaut-il pas mieux de se lever, faire chauffer son café, se mettre en route, guetter la prochaine route ou autoroute, apercevoir un rayon de soleil, décider de la halte, regarder la campagne, les montagnes, repartir, s’endormir voir les séquences d’une journée vagabonde ?
Le voyage dégraisse, nous débarrasse des toxines de la vie citadine, nous ramène à une joyeuse sobriété. Le propre du voyageur est de répondre à l’appel (de la route, de la mer, de la forêt) sans se demander pourquoi on le fait. A trop réfléchir, on néglige de boucler son sac.
Le monde serait triste, s’il y avait raison à toutes choses. Le voyage ralentit, épaissit, densifie le cours des heures. Il piège le temps, il est le frein de nos vies.
Je préfère éteindre la télé et allumer le monde autour de moi car lorsqu’on éteint les écrans, il nous prend l’idée de regarder par les fenêtres…
Sentir que l’on vit n’est-il pas un plaisir ?
Je pense qu’il faut accepter l’ennui dans une société qui ne croit qu’au divertissement ; se replier dans ses pensées devant le tumulte de la vie ; ne compter que sur soi ; flâner, se promener, musarder….
Musarder, tout cela ce sont des actes de liberté, minuscules, on s’en fout, mais qui appartient à celui qui les accomplit... Jouissons des choses simples … les lois aujourd’hui, nous intiment de ne pas fumer, nous demandent de ne plus boire, nous invitent à nous conduire « avec modération », nous contraindront bientôt à marcher avec un casque.
J’aime boire en société lorsque l’on boit, on s’épanche, on écoute, on se sert à nouveau. Deux verres suffisent pour parler avec sincérité ; quatre on se confie, six on déballe tout ce que l’on a sur le cœur, on s’explique, on se demande pardon, on se réconcilie. Un litre de vodka fait l’économie d’un psychanalyste. L’abus n’exclut pas l’usage « le vin réjouit le cœur de l’homme. »
J’entends souvent, mais moi-même, j’ai pu le dire, qu’une phrase lue ou retenue au cours d’une conversation peut nous aider à traverser des moments difficiles.
Les mots alors deviennent des béquilles.
Quand je rentre chez moi le soir et qu’il n’y a personne (femme et enfants), j’entends les livres de ma bibliothèque, chuchoter. Tant de mots compressés, dans tant de pages, traduisant tant de pensées finissent, je pense, par émettre un brouhaha. J’aime me rapprocher de ma bibliothèque et capter le murmure de mes livres.
Quelques personnes me reprochent de citer des auteurs. Les citations pour moi sont la formulation d’une pensée que l’on reconnait et qui trahissent le regret de ne pas avoir su la traduire aussi bien.
Une fois parvenu devant l’abîme, il n’y a que deux solutions : décider de vivre ou de mourir. Les livres aident à organiser sa survie. Les livres sont aussi nécessaires que les couteaux suisses ;
Les nageurs sauveteurs enseignent que lorsqu’on est piégé dans le courant, il faut se laisser emporter par le courant au lieu de lutter contre lui, sous peine de noyade. Le Tao chinois ne professe rien d’autre. Dériver lentement, ne pas aller contre le monde, ne remonter le temps, être avec la feuille dérivant sur les eaux plutôt qu’avec le roc fendant les flots de la rivière, être dans le vent, être le vent ; Se laisser porter par le flux de la vie pour que s’éloignent de soi les rivages de la mort.
Lu quelque part dans un livre :
« Etre de quelque part, c’est lorsque l’imprévus parait une habitude »
« Qui donne le meilleur reçoit le meilleur. »
« Archiver sa vie, c’est vaincre le néant. »
« Il n’y a pas de vérités, seulement des histoires »
En conclusion, je vous invite à écrire, prendre la plume, le clavier d’un computer, commenter, disserter, donner un avis. Une envie de toutes sortes de messages aux inconnus, aux lucioles afin de briser le poids des solitudes. Prendre le parti du risque et de l’erreur. Le silence n’est-il pas complice ?
Racontez leur à tous et à chacun votre petite voix intérieure, racontez que vous existez et que vous avez des choses à dire…. singulières. Elle vaut n’importe quelle voix et qui les vaut toutes.
Jurek, Le 1/06/2013
A découvrir aussi
- Humeur d’un jour, humeur d’un soir !
- « La vie , c'est ce qui vous arrive quand vous rêviez de faire autre chose »
- Des mots pour le dire…………….
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 144 autres membres