on the road again

on the road again

"on the road", "sur la route"

« On the road », « sur la route » [1]

 

« Enfoui dans des sacs de couchage je me suis recroquevillé dans des fossés, je me suis allongé dans des terminaux encombrés, j’ai dormi sur des plages, gelé, les cheveux dans les étoiles. J’ai voulu absorber autant de kilomètres que de visages, pénétrer une ville pour fuir aussitôt, attiré par l’ailleurs. »[2]

 

La vie est un défi.

Il lui faut faire face mais c’est aussi une aventure fabuleuse dont il faut oser vivre.

 

Le voyage, c’est le temps de vivre et de nous détacher du rythme effréné de nos jours.

 

Loin des contraintes du quotidien où « le toujours plus » impose d’ « aller toujours plus vite », j’ai fait le choix cette année de mes 60 printemps de tourner le dos à ces valeurs et de m’évader cette fois ci avec mes pieds et mon pouce.

Je pars sans recherche d’extrêmes.

Je laisse la place à l’imprévu, à l’incertitude, aux doutes, aux envies en évitant de ce fait de m’imposer de nouvelles contraintes qui viendraient remplacer celles que j’ai laissées derrière moi.

Je prends la route sans avoir d’autres buts que ceux de prendre le temps de vivre, de m’enrichir de nouvelles rencontres humaines, de m’ouvrir à de nouveaux horizons.

 

Faire ce choix me permet d’essayer de vivre mes rêves plutôt que de rêver ma vie.

 

Vu mon expérience, j’ai décidé d’écrire les raisons de ce périple, de l’emporter avec moi et de le ressortir en cas de doute ou baisse de moral.

 

J’ai toujours aimé les espaces, sentir le vent sur mon visage.

.

Une envie de me fondre dans un décor, de me nourrir de cette route.

Je pars avec des espérances et un beau tapis de sol déroulé sous mes pas, un pied devant l’autre.

Se nourrir et s’émouvoir, pouvoir se retourner mais aussi porter ses yeux plus loin que l’horizon et ressentir le chemin parcouru dans un grand vertige.

 

Comment saisir toutes ces émotions ? Le mieux n’est il pas d’aller voir, d’expérimenter ? 

 

Le mouvement, la marche, la lenteur qu’importe du moment que l’effort ainsi mis dans la distance exhausse le goût de la route, de l’inconnu, pousse l’effort à aller à la rencontre de l’autre.

 

L’idée est belle et simple.

Pousser encore plus loin, pour voir ce qui relie le connu et l’inconnu.

 

Voici aujourd’hui le temps des préparatifs, l’entrainement physique, mais comment se préparer à ce que l’on ne connaît pas ?

De toute façon, les meilleurs plans ne sont pas ceux qui sont les mieux ficelés mais ceux qui sont portés par une forte détermination.

Les sensations que je préfère de mes souvenirs de voyages en stop, d’il y a des décennies, c’est celles de se réveiller le matin, ouvrant les yeux et d’être ailleurs.

 

C’est prendre aussi l’option, la moins évidente, la plus aventureuse.

 

Mes désirs sont celui d’espace, de liberté, de l’ivresse de l’inconnu, le malaise du doute du départ, l’incertitude d’accomplir la grande traversée mais surtout le désir d’en découdre.

Si un voyage a un point de départ, c’est pour mieux nous rappeler qu’il a une fin. 

 

Pour moi cela sera la Belgique, l’Allemagne et enfin  la Pologne.  (Environ 2000 kms)

 

Je suis d’une génération qui avait rêvé de vivre l’époque des vagabonds insouciants.

 

Ce voyage va de nouveau m’apprendre et vivre l’instant pour l’instant. Une occasion aussi de trainer un peu.

Une envie de vivre et de comprendre ce monde. Une joie provisoire à vivre encore et s’extasier d’un monde dont maintes beautés nous échappent.

 

J’espère retrouver la liberté que procurent les chemins de traverse et l’échange, sensations de manque, seule ma tête peine à se satisfaire.

 

Il est très curieux de savoir qu’après avoir enjambé un vélo en 2002 pour un périple de 11 jours, je me décide, 10 ans plus tard, à partir sur les routes, mais en stop. Cette curiosité porte sur le fait qu’un de mes livres de chevet pendant quelques années était « sur la route » de Jack Kerouac.

J’apprends aujourd’hui, que celui-ci sera porté à l’écran et sortira le 23 mai 2012, un film de Walter Salles[3], film produit par Francis Ford Coppola, scénario écrit par Russell Banks.[4]

 

La vie de Kerouac s’est confondue avec son écriture qui a donné la littérature de l’instant. Une recherche du temps qui file, Une écriture de la spontanéité, de préoccupations écologistes, rejet de l’autoritarisme, méfiance à l’égard des médias.

Kerouac et ses amis (Allen Ginsberg[5], Neal Cassidy[6], William Burroughs[7]) ont affiché une philosophie de vie que l’on qualifiait de rebelle dans les années 50 et qui trouve une résonnance aujourd’hui.

La prose vagabonde de ce « clochard céleste » relève, par certains aspects, du délire et de l’utopie.

Jack K, c’est un écrivain qui ne se contente pas de rester assis derrière un bureau mais il part s’enrichir de rencontres, vivre intensément avant d’écrire, se nourrir de ce qui émeut, fait sourire. Cet écrivain m’a appris la transhumance, le bonheur d’être, d’arpenter pouce levé les routes d’Europe et du Québec.

 

Je pense revivre ou plutôt gouter prétentieusement à l’ivresse de la Beat Génération[8]. Kerouac en était la comète, la plus brillante, tête enflammée par Proust[9], Rimbaud[10] et les surréalistes.

Rimbaud me fait penser que j’ai des poches pleins de rêves à semer sur la route, toujours plus loin, pour la joie, pour le pied.

 

« Voyager léger, c’est se délester du poids des souvenirs. »

 

Repartir à l’assaut de mes rêves, tenter de garder les yeux ouverts face aux démons de la fatigue de la vie.

Abandonner mon âme au hasard des rencontres et de profiter de ce que m’offrira la route.

 

J‘ai aussi le sentiment d’être bien vivant, d’avoir des sensations que le quotidien veut, peut être, étouffé.

 

JUREK 01/05/2012



[1]              Kerouac Jack, sur la route, le rouleau original, éd Gallimard 2010

[2]              Simon Yves, La manufacture des rêves, éd Grasset, 2003

                Simon Yves, La compagnie des femmes, éd stock, 2010

[3]              Salles Walter, film connu «  carnet de voyage adapté du journal « voyage à motocyclette » de Ernesto Che Guevara

[4]              Banks Russell, Continents à la dérive, éd Actes sud, Babel, 1994

[5]              Ginsberg Allen, Howl et autres poèmes, éd Bourgois, 1993

[6]              Neal Cassady, fils de clochard, «éd l’Harmattan, 1977

[7]              Burroughs William, Le festin nu, éd Gallimard 1984

[8]              Dister Alain, La beat génération la révolution hallucinée, éd découvertes Gallimard, 1997

[9]              Proust Marcel, A la recherche du temps perdu, éd livre de poche, 7 vol

[10]             Rimbaud Arthur, Poésies Derniers vers, une saison en enfer, Illuminations, éd livre de poche, 1972



23/11/2015
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